Épisode 13 : La fin du Voyage ?

DESCRIPTION DE l'ÉPISODE

Voyage et transition écologique sont-ils compatibles ?

Faut-il cesser de voyager pour espérer atteindre le Net Zero (émissions de gaz à effets de serre) à horizon 2050 ?

Autrefois largement réservé à une élite aristocratique, le voyage d’agrément a connu un essor sans précédent depuis l’après-guerre, dopé par les congés payés et l’accès à une énergie (les carburants) peu coûteuse.

Aujourd’hui, partir en week-end à Vienne ou Budapest, faire un saut à New York pour la Toussaint, traverser la France pour aller à la mer, sont autant de pérégrinations devenues habituelles. L’une des questions les plus répandue au bureau est d’ailleurs : « Et tu pars où pour les vacances ? »

L’industrie touristique rivalise d’imagination pour nous vendre lieux idylliques, prestations sur mesure, dépaysement garanti, le tout pour un prix toujours moins cher. Mais le modèle est-il viable si l’accès à l’énergie devient plus difficile, si le coût du carburant augmente ?

Nous avons pris l’habitude de nous déplacer pour pas cher, profitant de tarifs qui ne reflètent aucunement les externalités négatives dues à la combustion des carburants fossiles. Le tourisme a même longtemps fait l’objet d’un certain consensus sur son caractère bénéfique : amélioration du niveau de vie des populations locales y trouvant emplois et revenus, découverte d’autres modes de vie et donc ouverture sur l’Autre, la Différence, protection des espaces ayant une certaine valeur paysagère touristique…

Oui, mais.

Outre que certaines destinations commencent à sérieusement pâtir du surtourisme, l’utilisation toujours plus massive de l’avion et de moyens motorisés, la marchandisation des pratiques, la standardisation des offres et l’empreinte écologique globale des complexes touristiques posent aujourd’hui question.

Alors, la transition écologique implique-t-elle la fin du Voyage ? Le renchérissement du transport reviendra-t-il à réserver l’Ailleurs à une minorité de privilégiés aisés ? Faudra-t-il renoncer volontairement à nos vacances lointaines pour préserver la planète ? Ou serons-nous contraints de le faire par des gouvernements devenus autoritaires ? Faudra-t-il demain voyager sans bouger ou presque ? Ou accepter de redonner du temps au trajet ? L’industrie touristique est-elle capable de sortir des logiques de massification, sans pour autant (re)devenir réservée à une minorité ?

LE TÉMOIN INVITÉ

Né à Chambéry en 1970, Rodolphe Christin vit ses premières évasions dans les montagnes de Chartreuse. Titulaire d’un doctorat de sociologie, ce touche-à-tout pratique diverses activités de tête et de mains : tour à tour accompagnateur de tourisme d’aventure, ouvrier agricole et sociologue-consultant, il a également co-fondé dans la région grenobloise l’Office de l’anti-tourisme, dont l’un des objectifs est de sensibilier le grand public et de diffuser une critique du tourisme réduit à sa dimension commerciale.

Auteur de L’usure du monde. Critique de la déraison touristique (L’Échappée, 2014), du Manuel de l’antitourisme (Écosociété, 2010) et de La Vraie vie est ici (Écosociété, 2020), Rodolphe s’intéresse particulièrement aux excès du tourisme de masse et propose de requestionner la notion de « voyage ».

En décembre 2022, il fait partie des commissaires de l’exposition d’art contemporain « Faut-il voyager pour être heureux ? », organisée à Paris par la Fondation EDF.

(crédit photo : https://www.enbata.info/articles/requisitoire-contre-le-tourisme/)