Épisode 9 : Financer l’Avenir

DESCRIPTION DE l'ÉPISODE

A quoi sert une banque ? Le secteur financier est-il un obstacle à la transition écologique, en continuant de soutenir des projets d’extraction fossile et d’infrastructures gourmandes en CO2, ou au contraire est-il un levier majeur de transformation grâce aux sommes qu’il peut mobiliser ?

Parce que Timothée Parrique s’en prenait dans l’épisode précédent aux profits mirobolants générés par les marchés financiers, l’enquête s’intéresse cette fois-ci au rôle souvent méconnu des banques pour financer l’économie réelle. Comment en effet imaginer une transition – par exemple l’électrification de nos modes de transports – sans argent pour la financer ? Qui prendrait le risque de construire une usine de batteries électriques sans visibilité sur les modalités d’approvisionnement en métaux, sur les politiques des constructeurs automobiles et sur les réglementations publiques qui s’appliqueraient ?

Occupant le poste de Chief Sustainability Officer de la Société Générale, Hacina Py travaille au quotidien à la transformation du rôle des banques dans le financement de l’économie : nouvelle réglementation européenne pour orienter les capitaux, prise en compte de critères de plus en plus « verts » pour évaluer les projets d’investissement, réflexions sur un dépassement du rôle traditionnel des banques… dans cet épisode, Hacina évoque les multiples enjeux, difficultés et espoirs qui accompagnent les transformations dans le secteur financier.

Avec cette question : les banques ont-elles aujourd’hui pour mission de financer l’économie telle qu’elle est ? Ou d’agir comme un « gendarme » chargé de garantir le respect de l’Accord de Paris et d’une trajectoire d’émissions carbone sous les +1,5 degrés ? Est-ce vraiment le rôle des banques ? Et comment peuvent-elles contribuer efficacement à une transition dont les objectifs, la stratégie, les étapes et les conditions ne sont pas encore clairement définies ?

LE TÉMOIN INVITÉ

Hacina Py travaille pour la Société Générale depuis 1995. Au fil de sa carrière, elle a développé une solide expérience bancaire à la fois dans les financements structurés et dans les fonctions corporate. Devenue Responsable Mondiale des Financements Export en 2015, elle a mené la transformation de cette activité en orientant la stratégie vers le développement durable et a pris la tête des équipes de Solutions de Finance à Impact en 2019.

En octobre 2020, Hacina Py devient Directrice du Développement Durable du groupe, fonction qui sera rattachée à la direction générale du groupe à partir de janvier 2022. Cette évolution marque l’importance nouvelle que le groupe entend donner à la fonction RSE. Frédéric Oudéa, patron de la Société Générale a ainsi décidé d’en faire l’un des piliers du plan stratégique de la banque, à horizon 2025.

Après avoir écouté l’épisode, Hacina a souhaité apporter quelques précisions :

Sur la couleur du portefeuille, la palette va du marron (les secteurs industriels les plus carbonés / les plus émissifs en CO2 – certains étant noirs comme le charbon) vers le vert (les énergies renouvelables, les secteurs les moins émissifs).
La taxonomie européenne permet à cet égard d’évaluer la couleur globale d’un portefeuille d’actifs, car elle classe les activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement. Son objectif étant d’orienter les investissements vers les activités « vertes ».
Les actifs « verts » ne sont par essence ni plus chers ni moins chers à financer que d’autres actifs, tout dépend du capital que la banque met en face et du niveau de souscription (le marché est plutôt en forte demande par rapport à ces actifs)
Quand les banques définissent leurs politiques sectorielles, elles réalisent pour chaque secteur un travail d’encadrement des crédits pour s’assurer qu’ils correspondent bien à des standards RSE.